Le prix du minerai de fer s'effondre, mais les mineurs restent extrêmement rentables, pour l'instant
La pression du gouvernement chinois sur les aciéries et les négociants en matières premières a commencé à porter ses fruits plus tôt dans la journée lorsque le prix du fer est tombé en dessous de 200 dollars la tonne pour la première fois en trois semaines.
Mais il est peu probable que la chute à 197 dollars/tonne réduise davantage les bénéfices des plus grandes sociétés minières de minerai de fer, qui produisent le matériau sidérurgique à un coût cash inférieur à 20 dollars/tonne.
Même en tenant compte de tous les coûts, des sociétés telles que le groupe BHP, Rio Tinto, Vale et Fortescue Metals génèrent toujours des bénéfices de plus de 150 $/t, c'est pourquoi les banques d'investissement s'attendent à des bénéfices records de la part des mineurs pour l'exercice en cours.
La Macquarie Bank a prévu la semaine dernière une augmentation de 74 % des bénéfices de BHP pour l'exercice clos le 30 juin, avec des bénéfices qui devraient passer de 7,8 milliards de dollars à 13,6 milliards de dollars, la part du lion des bénéfices provenant du minerai de fer.
Le dividende annuel devrait plus que doubler pour atteindre 2,55 dollars par action.
Les prix baissent à mesure que la nouvelle mine ouvre
Les prévisions de la banque ont coïncidé avec l'ouverture du nouveau fleuron du minerai de fer de BHP, la mine géante South Flank, qui devrait démarrer avec un taux de production de 40 millions de tonnes par an, pour atteindre 80 m/t au cours des trois prochaines années.
Il est important de noter que South Flank, dont le développement a coûté 3,6 milliards de dollars, n'augmentera pas les exportations australiennes de minerai de fer car il remplace d'anciennes mines dont la fermeture est prévue.
Le timing de BHP pour sa nouvelle grande mine a été impeccable, avec le feu vert donné il y a trois ans, alors que le minerai de fer coûtait moins de 70 $/t. La première production a eu lieu cette semaine, alors que le prix se situait autour de 220 $/t.
Selon les estimations faites jeudi dernier, le jour du début de la production, BHP envisageait un retour sur investissement du coût d'investissement de la mine en moins de 12 mois, un retour exceptionnellement rapide.
Même avec la baisse des prix, le minerai de fer dominera les bénéfices de l'entreprise au cours des prochaines années grâce aux faibles coûts de production.
Sur le marché boursier australien plus tôt dans la journée, les actions BHP ont bien résisté grâce à l'exposition de la société à une gamme de matières premières, dont le prix a chuté de 1,9 %.
Il en a été autrement pour Fortescue Metals Group, un pur minerai de fer, qui a chuté de 4 %.
Boom qui s'estompe
La chute du minerai de fer à moins de 200 dollars la tonne s'inscrit dans une série de corrections des prix des matières premières qui ont également entraîné une perte de terrain du cuivre, de l'étain, du nickel et de l'aluminium.
Parmi les signes indiquant que le boom des matières premières des 12 derniers mois pourrait avoir atteint son terme, citons un ralentissement de la création de crédit en Chine, mesuré par ce qu'on appelle le pouls du crédit, qui est une mesure du crédit en pourcentage de l'économie.
Macquarie prévoit que la chute d'aujourd'hui marquera le début d'une baisse soutenue du prix du minerai de fer, le prix chutant à 140 $/t plus tard cette année, puis à 105 $/t l'année prochaine, avant de culminer autour de 74 $/t en 2024.
